APOCALYPSE NOW
DÉTAILS
26 septembre 1979 en salle / 3h 02min / Guerre, Drame
Date de reprise 21 août 2019
De Francis Ford Coppola
Par Francis Ford Coppola, John Milius
Avec Martin Sheen, Frederic Forrest, Robert Duvall
Titre original Apocalypse Now
CRITIQUE
L'action du film se situe en 1969, après l'offensive du Têt de janvier 1968, c'est-à-dire à un moment où les Etats-Unis ne sont plus sûrs de pouvoir remporter militairement cette guerre, à un moment où l'Amérique commence à douter, où l'armée est ravagée par la drogue et des trafics en tout genre.
Le film, inspiré du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, 1898, est tourné au lendemain de la guerre du Vietnam, en 1975-1976, peu de temps avant l'arrivée de Jimmy Carter à la Maison Blanche, moment où l'Amérique remet en cause et critique son engagement passé en Asie du Sud-Est, qui s'est soldé par un échec.
C'est l'un des premiers films abordant directement la guerre du Vietnam. Or, cette guerre marque une véritable rupture dans les rapports entre Hollywood et l'Etat américain. En effet, jusqu'alors, le cinéma avait toujours soutenu l'engagement militaire du pays, n'hésitant pas à produire des films de propagande pendant les deux guerres mondiales (Casablanca, M. Curtiz, 1942 ou Le port de l'angoisse, H. Hawks, 1944) pour soutenir la politique du gouvernement. Avec le Vietnam, tout change. Certes, il faut attendre la fin du conflit pour voir des films traiter du conflit (Voyage au bout de l'enfer, M Cimino, 1978) et en faire une critique. Pourtant, on peut déjà apercevoir dès les années 1960 des films qui condamnent l'intervention américaine au Vietnam. Robert Altman, par exemple, avec M.A.S.H. en 1969, nous livre davantage une critique du conflit vietnamien que de la guerre de Corée.
Apocalypse Now rentre donc dans cette lignée de films très critiques sur l'engagement américain. La guerre est vue du côté américain, et la critique n'en est que plus forte. Coppola ne réalise pas un film de guerre, mais plutôt un film sur la guerre. Le parcours du capitaine Wilard sur un fleuve hostile qui le mène au colonel Kurtz ressemble à un voyage intérieur, une introspection (la voix off de Wilard est récurrente tout au long du film) et, dans le même temps, Coppola nous emmène dans un voyage vers la folie et l'horreur de la guerre que semble incarner le colonel Kurtz. Le réalisateur du Parrain nous montre aussi une certaine réalité du conflit et nous livre ses interrogations, partagées par nombre de ces concitoyens à l'époque.
Une armée gangrénée par la drogue et les trafics
L'armée américaine est gangrenée par la drogue, à l'image de Lance Johnson, un des membres de l'équipage de Willard, et surfer professionnel. Elle est aussi le lieu de trafics en tout genre, comme le montre la séquence à la base de ravitaillement : trafics de motos, d'alcool, de drogue qui sont plus importants pour le sergent que le service normal. L'armée en tout cas ferme les yeux sur cela.