jeudi 6 juillet 2023
COLETTE
LA VIE ET RIEN D'AUTRE
dimanche 2 juillet 2023
LE SERMON DE MINUIT
LE SERMON DE MINUIT
(l’Apocalypse qui confine au Divin)
SYNOPSIS
Alors que le catholicisme est avidement pratiqué par l’ensemble des habitants, un nouveau prêtre débarque. Qui est-il et d’où vient-il ? De plus, le Père Pruitt est apparemment en convalescence sur le continent suite à un voyage à Jérusalem.
Riley quand à lui tentera de faire face au regard des autres habitants dès lors qu’il a perdu la foi, tandis que de curieux évènements vont se produire. Miracles divins ou présages bien plus sombres ?
Ce sera donc le début d’une histoire aux multiples surprises et aux enjeux vertigineux, qui changera la vie des habitants de Crockett Island à tout jamais !
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/LyFgLoTVeoQ
DÉTAILS
2021 / 60min / Drame, Epouvante-horreur
Titre original : Midnight Mass
Créée par Mike Flanagan
Avec Zach Gilford, Kate Siegel, Hamish Linklater
Nationalité U.S.A.
CRITIQUE
C'était absolument excellent de bout en bout.
Cependant, il ne va pas falloir tomber dans le piège car Midnight Mass continue ce que Flanagan avait entrepris avec Bly Manor : raconter quelque chose de social en s'aidant de l'horreur mais en lui laissant une place secondaire. Et là, l'horreur dans MM est quasiment tertiaire, ça n'empêche pas qu'il y a une ambiance très particulière qui est installé dans le film (un petit côté Midsommar pour le fait qu'on est sur une communauté isolée) mais il n'y a jamais rien d'effrayant, on est plus sur l'installation d'un effet inquiétant et ça marche très bien.
Donc la série parle surtout de la religion et de la rédemption, le fanatisme est évidemment abordé mais ça brasse un peu plus loin aussi. J'ai été aussi pas mal marqué par le personnage de Rahul Kohli qui interprète Hassan, le shérif de la ville et qui est musulman. C'est sûrement le traitement le plus réussi que j'ai pu voir d'un personnage lié à cette religion dans une série.
A part ça, il y a une utilisation du mythe d'une certaine créature qui extrêmement intelligente et la construction du récit d'un personnage est pas mal emprunté à Lovecraft (l'aventure du prêtre dans le désert), j'ai trouvé ça plaisant. La progression dramatique est vraiment maitrisée (l'utilisation des différents versets de la bible qui, au fur et à mesure que la série avance, devienne de plus en plus guerrier et violent). Comme pour The Haunting, y a pas mal de moment où ça joue avec les émotions (c'est moins larmoyant que Bly Manor tout de même) et il y a aussi quelques petits twists bien trouvés.
Ah et évidemment, c'est toujours une tuerie visuelle. Même si il y a moins d'audace que dans un Hill House, on reste quand même sur du très haut niveau de réalisation avec des plans magnifiques qui renforcent l'aspect gothique de la série.
Je recommande fortement si vous avez aimé les The Haunting of mais passez votre chemin si vous voulez du frisson.
LÉON MORIN PRÊTRE
LÉON MORIN PRÊTRE
SYNOPSIS
Durant l'Occupation, dans une ville de province, la jeune veuve de guerre d'un juif communiste, mère d'une fillette, défie un prêtre sur le terrain de la religion. Certaine de sa rhétorique, elle est pourtant déconcertée par les réponses qu'il lui donne. Peu à peu, elle perd pied. Chaque nouvelle rencontre avec ce prêtre la rapprochera de la conversion. Sa résistance cédera devant le travail de la grâce. Une amie lui ouvrira involontairement les yeux sur l'une des raisons de sa conversion : l'abbé Léon Morin est beau.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/w5mEYUUgDT8
DETAILS
9 mars 2000 en DVD / 2h 10min / Drame, Romance
Date de reprise 25 octobre 2017
De Jean-Pierre Melville
Par Jean-Pierre Melville, Béatrix Beck
Avec Jean-Paul Belmondo, Emmanuelle Riva, Irène Tunc
CRITIQUE
« Cette relation avec l'abbé, le temps qu'elle a duré, a compté essentiellement dans ma vie. Inconsciemment, peut-être que je recherchais Dieu. Je crois être allée vers lui poussée par le besoin d'une relation avec un homme, dont je pouvais espérer qu'il fût supérieur. En l'occurrence, sa force résidait dans le fait qu'il ne se laissait pas entraîner à la dérive par moi. » Voilà ce que nous confiait, en 1997, Béatrix Beck, l'auteure de Léon Morin, prêtre, morte en 2008. Alors octogénaire, elle revenait en ces termes sur sa relation avec un prêtre, pendant la guerre de 1940, qui lui inspira le troisième roman de son cycle autobiographique. Léon Morin, prêtre, paru chez Gallimard en 1952, valut à la dernière secrétaire d'André Gide le 50e prix Goncourt.
Arte rediffuse ce soir la première adaptation cinématographique du roman, celle de Jean-Pierre Melville en 1961 avec Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva. Deux autres suivront : celle de Pierre Boutron pour la télévision trente ans plus tard, avec Robin Renucci et Nicole Garcia sur un scénario d'Emmanuel Carrère, puis, en mars 2017, La Confession, film de Nicolas Boukhrief qui a réactualisé magnifiquement ce « récit romancé », comme le qualifiait Beck.
« Le film de Melville a complètement occulté le roman, dont je suis reparti, expliquait Nicolas Boukhrief en mars dernier, qui a filmé au plus près des âmes, porté par la grâce qui habite ses deux acteurs, Romain Duris dans le rôle du prêtre et Marine Vacth dans celui de Barny. « J'ai voulu raconter l'histoire d'un amour autrement », nous confiait-il.
Homme d'exception
Un amour « autrement » ? Naum Szapiro, le mari de Béatrix Beck, était un juif apatride originaire de la Pologne russe, rencontré aux Jeunesses communistes. Il est appelé au front et meurt en avril 1940. Seule avec leur petite fille, la jeune veuve, qui n'écrira son premier roman qu'après la guerre (Barny, publié en 1948 chez Gallimard), trouve alors un emploi à Grenoble, dans une école par correspondance. C'est là qu'elle entend une employée parler de l'abbé Jules Albert Peillet, le vrai nom de Léon Morin. « Cette jeune fille assez délurée avait dit de son directeur de conscience qu'il était dur et ironique. J'ai eu envie de rencontrer un tel homme », nous avait dit Béatrix Beck.
Le prêtre, né en 1914 (comme Beck) à Viriville, dans le Dauphiné, au sein d'une famille de paysans très religieux, venait d'être nommé à la paroisse Saint-Louis de Grenoble, où, comme partout ailleurs, il laissa le souvenir d'un homme d'exception, très engagé sur le terrain, joyeux et doté d'un franc-parler parfois dérangeant. « Il fut l'un des premiers à avoir quitté la soutane pour l'habit de clergyman, a expliqué au Point sa nièce, qui vit toujours dans le Dauphiné. Il débarrassait les églises de toutes les dorures, qu'il appelait « bondieuseries », au risque de choquer parfois... »
LITERATURE-BEATRIX BECK
Béatrix Beck en 1952, après avoir reçu
le prix Goncourt pour Léon Morin, prêtre.
Béatrix Beck se convertit un jour de Pentecôte, sous l'influence du père Peillet, dont elle admire infiniment la proximité efficace avec les gens. « Je voyais l'abbé une fois par semaine. Je me suis rendu compte que j'étais éprise à la suite d'une de ses visites à la maison », raconte-t-elle. C'est son charisme, son profond humanisme, son empathie et son côté blagueur aussi que l'écrivaine a aimés. Sans jamais chercher à le séduire, même si ses fantasmes pouvaient l'y entraîner, comme dans la scène du rêve : « S'il avait été laïque, j'aurais agi autrement », confiait-elle. Béatrix Beck revenait souvent sur l'expérience unique qu'elle vécut à ses côtés. « Nous étions chez moi, dans la cuisine, silencieux. Le temps s'est arrêté. C'était la vie éternelle au présent. »
« Souffrances »
Après la guerre, Peillet-Morin quitte la région pour des paroisses reculées. Mais une fois l'abbé parti, Béatrix Beck constate qu'elle a perdu la foi. « J'avais la foi comme la lune a de la lumière, celle du soleil. Et quand il n'y a plus de soleil », a-t-elle confié plus tard. Quant à la proche famille de l'abbé Peillet, que nous avons interrogée, elle raconte que ce dernier « eut connaissance du roman de Béatrix Beck par des prêtres qui, lors d'une récollection, lui passèrent Léon Morin, prêtre, dans lequel il se reconnut. On a su ensuite qu'il était chagriné d'avoir été trop médiatisé. »
En effet, après le film de Melville, des journalistes et des fidèles qui n'étaient pas ses paroissiens voulaient à tout prix le rencontrer, assiégeant la cure de Beaurepaire où il exerçait en 1961. « Nous étions jeunes, moi j'étais au collège à Beaurepaire et j'allais chez ma grand-mère au presbytère. Or, à un certain moment, je vis une grande affluence de personnes qui venaient voir notre oncle, a expliqué sa nièce au Point. Ce sont des étrangers qui veulent à tout prix voir Jules Albert, disait sa mère (qui l'appelait par son deuxième prénom, Albert). Étonnée, j'avais alors demandé à ma mère, sa sœur, les raisons de cet intérêt soudain. Notre maman nous a tous réunis dans la salle à manger. Elle avait découpé les articles de journaux et nous a expliqué que nous pouvions entendre des choses autour de l'oncle Jules. Mais qu'il s'agissait d'un roman et d'un film et que tout cela ne relatait pas forcément de ce que son frère pouvait ressentir lui-même. »
La famille proche l'avait entendu évoquer « une jeune femme de Grenoble, veuve d'un juif, en grande difficulté avec sa petite fille, qu'il aidait à se ravitailler. Une femme intelligente avec laquelle il aimait beaucoup discuter », précise l'aînée des nièces de l'abbé. Plus tard, tous reconnurent leur oncle dans le portrait qu'en fit Béatrix Beck, puis Melville, jusqu'à cette façon qu'il avait de moquer les ongles manucurés de sa cousine. « Ma mère – sa cousine germaine – m'a souvent raconté, confie Régine Cuzin, commissaire d'exposition, qu'il la taquinait sur ce genre de choses. Elle m'a dit aussi que Béatrix Beck lui avait offert une 2 CV, qui est arrivée toute neuve après le Goncourt. » Lui que sa famille n'avait vu dans la région qu'à vélo puis à moto, « soutane au vent ».