LE FABULEUX DESTIN
D'AMÉLIE POULAIN
(un film de Jean-Pierre Jeunet 2001)
SYNOPSIS
Amélie, une jeune serveuse dans un bar de Montmartre, passe son temps à observer les gens et à laisser son imagination divaguer. Elle s'est fixé un but : faire le bien de ceux qui l'entourent. Elle invente alors des stratagèmes pour intervenir incognito dans leur existence. Le chemin d'Amélie est jalonné de rencontres : Georgette, la buraliste hypocondriaque ; Lucien, le commis d'épicerie ; Madeleine Wallace, la concierge portée sur le porto et les chiens empaillés ; Raymond Dufayel, son voisin.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/RMbFcxbLMrY
DÉTAILS
Long-métrage
Genre(s) : Fiction
Langue de tournage : Français
Origines : France, Allemagne
EOF : Oui
Nationalité : Majoritaire français (France, Allemagne)
Année de production : 2000
Sortie en France : 25/04/2001
Durée : 2 h
Etat d'avancement : Sorti
Numéro de visa : 98.481
Visa délivré le : 23/05/2001
Agrément : Oui
Formats de production : 35 mm
Type de couleur(s) : Couleur
Cadre : 1.66
Format son : Dolby SRD
CRITIQUE
Difficile aujourd’hui d’écrire sur Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) sans devoir recontextualiser le film et évoquer les accueils critiques divers qu’il a reçus ainsi que l’une ou l’autre polémique qu’il a suscitée. Ce n’est pas vraiment le propos ni l’intérêt du présent texte, donc nous ne nous y attarderons pas.
Cependant, un simple regard rétrospectif sur quelques-unes des critiques de l'époque (pour la plupart élogieuses, il faut bien le dire) permet de se rendre compte que la grande majorité de ces critiques — et c’est également vrai pour les spectateurs, nombreux, qui se sont rendus en salles et ont participé à un bouche-à-oreille extrêmement positif — considérait le film comme « optimiste », « utopique », « joyeux », « charmant », ou encore bien d’autres qualificatifs issus du champ lexical du bonheur.
En gros, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain a été très largement perçu comme un « feel good movie ». Encore récemment, dans l’une des capsules publicitaires de Cinévox — visant à faire la promotion du cinéma belge —, à la question « dans quel film aimeriez-vous vivre ? », le réalisateur flamand Adil El Arbi répond Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain parce que, selon ses dires, « ça a l’air super, ce monde-là ».
À la vision du film aujourd’hui, et en essayant de s’extraire de tout a priori que ce soit — il faut tout de même rappeler ici qu’il se traîne grâce à un critique « engagé » des Inrocks une réputation de « film lepéniste » —, il apparaît comme une évidence que, s’il ne mérite certainement pas cette aura de soupçon qui règne autour de lui dans toute une frange de la cinéphilie, son autorité de « feel good movie », de film qui fait du bien, est tout aussi largement usurpée...
...Plus qu’un auteur qui livre sa vision du monde — laquelle pourrait dès lors être contestée par le champ de la critique, comme elle l’a donc été à la sortie du film —, Jeunet est plutôt un artisan minutieux pour lequel chaque détail compte, doublé d’un maniaque du rangement pour lequel chaque chose a sa place indiscutable.
Le cas psychologique du patient Jeunet s’ajoute donc à son propre cabinet. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un cabinet, qu’il soit de curiosités ou de médecine, dans lequel les personnages sont autant de « freaks », ou de « cas ». L’impression que laisse la fin du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain s’apparente d’ailleurs quelque peu au « twist » final du Cabinet du Dr. Caligari (Robert Wiene, 1920), lorsque le spectateur s’aperçoit que tous les personnages principaux se trouvent dans un asile et sont les patients du docteur.
Ici, le spectateur peut se rendre compte de cela par lui-même, et ainsi faire de cette constatation son propre twist final. Le film et son Paris recréé de toutes pièces par Jean-Pierre Jeunet ne forment au fond qu’un gigantesque asile de fous dans lequel déambulent des malades de toutes sortes, des cas types et répertoriés comme tels.
Difficile après cette prise de conscience d’encore considérer Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain comme un « feel good movie » ou comme un film « léger », puisqu’il s’agit en réalité et contre toute attente d’un portrait de groupe de névrosés en tous genres, prisonniers d’un monde factice qui les enferme dans des cases.
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