CULTURE JAI (L'Histoire de l'Art en Musique)
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LES LUMIÈRES DE VERSAILLES
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SUBURRA
(À Rome lors des élections... sur Netflix)
SYNOPSIS
Lorsqu'une ville côtière près de Rome se transforme en paradis pour joueurs, corruption, rivalités et complots en tout genre ne tardent pas à naître. Rivalitées entre l'Église, l'État et la famille dans la proche "banlieue" de Rome ("suburra"en italien).
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/KgrpmmHvrt4
DETAILS
Depuis 2017 / 52 min / Drame, Policier, Thriller
Créée par Daniele Cesarano, Barbara Petronio
Avec Alessandro Borghi, Giacomo Ferrara, Filippo Nigro
Nationalité Italie
En relation avec Suburra
CRITIQUE
Conçue comme la genèse des personnages du film éponyme de Stefano Sollima (lui-même inspiré d’un roman signé Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo, paru en français aux éditions Métailié), Suburra se concentre sur trois jeunes criminels : Aureliano (Alessandro Borghi), le fils d’un trafiquant local ; Spadino (Giacomo Ferrara), rejeton d’une puissante famille tsigane inspirée d’un clan bien réel, les Casamonica ; et Gabriele (Eduardo Valdarnini), un étudiant propre sur lui, qui s’adonne au deal dans le dos de son père policier.
L’appât du gain va rapidement réunir les trois garçons, sur fond de tractations entre la Mafia et des élus corrompus autour de la vente de terrains appartenant à l’Église (on pense bien sûr au scandale “Mafia capitale”). Sans oublier une sulfureuse affaire de prêtre amateur de cocaïne et de parties fines.
Politiciens véreux, trafiquants ultraviolents et prêtres défroqués sur les bords du Tibre… Lors de la présentation des deux premiers épisodes de la série en avant-première à la Mostra de Venise, certains s’étaient étonnés d’une telle trame scénaristique. Voici un regard peut être un peu carricatural de l'Italie dont le fonctionnement reste atypique.
INFERNO
la meilleure adaptation de Dan Brown au cinéma
SYNOPSIS
Dans "Inferno", le célèbre expert en symbologie suit la piste d’indices liés au grand Dante lui-même. Robert Langdon se réveille dans un hôpital italien, frappé d’amnésie, et va devoir collaborer avec le docteur Sienna Brooks pour retrouver la mémoire. Tous deux vont sillonner l’Europe dans une course contre la montre pour déjouer un complot à l’échelle mondiale et empêcher le déchaînement de l’Enfer…
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/GfXpBiLwhHk
DÉTAILS
9 novembre 2016 en salle / 2h 02min / Thriller, Policier
De Ron Howard
Par David Koepp, Dan Brown
Avec Tom Hanks, Felicity Jones, Ben Foster
CRITIQUE
Si Inferno n’entrera certainement pas dans la liste des meilleurs amnesia movies, il en exploite néanmoins les schèmes, propices aux twists et faux-semblants, avec une efficacité certaine. Pour sa troisième apparition à l’écran – probablement la dernière, étant donné les piètres résultats du film au box-office américain, et malgré l’existence d’un quatrième titre à adapter pour clore la série de romans –, Robert Langdon, le héros imaginé par Dan Brown et interprété par Tom Hanks, se présente ainsi allongé sur un lit d’hôpital à Florence, engourdi et sans le moindre souvenir de ce qu’il a fait les quarante-huit heures précédentes.
Very bad trip pour le symbologue américain, qui va devoir découvrir le sens de ses récurrents cauchemars apocalyptiques, avec à ses côtés une jolie doctoresse (Felicity Jones, convaincante) et à ses trousses tout ce que la Terre compte de psychopathes conspirateurs (mention spéciale à Irrfan Khan, star de Bollywood impeccable en nettoyeur pince-sans-rire), ainsi que, bonne blague, Omar Sy en french doctor/superflic (pas très convaincant, lui).
Produit pour un budget deux fois moindre que ses prédécesseurs (Da Vinci Code et Anges et démons), et écrit par le brillant David Koepp (Jurassic Park, L’Impasse, La Guerre des mondes…), Inferno s’impose toutefois comme le plus “pulpy” de la saga, celui où l’invraisemblance et les clichés inhérents à la prose brownienne, enfin digérés par Ron Howard, deviennent un atout.
COYOTES
(Une série Belge sur Netflix)
SYNOPSIS
Quand des scouts découvrent un cadavre et des diamants, c’est toute une communauté qui va devoir faire face à ses démons, ses secrets et sa violence. À l’aube de l’âge adulte ou usés par les réalités de la vie, tous vont tester et confronter leurs certitudes sur la loyauté, l’amour, l’amitié et le destin. Tout cela sous la chaleur d’un été qui va tout changer.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/li836IGJiBs
DÉTAILS
Depuis 2021 / 48 min / Drame
Créée par Axel du Bus, Vincent Lavachery, Anne-Lise Morin
Avec Louka Minnella, Steve Driesen, Kassim Meesters
Nationalités Belgique, Luxembourg
CRITIQUE
La nouvelle série belge fait beaucoup de bruit dans le milieu du scoutisme ... Pour faire le point sur les réactions aux premiers épisodes, Christelle Alexandre, la présidente fédérale des Scouts, a organisé un Facebook Live avec trois acteurs de la série.
Dans ce direct, on apprend notamment que la fédération des Scouts est en contact avec les producteurs de la série depuis le tout début de sa conception. Le mouvement a ainsi pu conseiller les scénaristes sur des éléments particulièrement importants du scoutisme. Comme ils l'évoquent sur leur site, les Scouts se sentent honorés d'être le cadre d'une production aussi importante que Coyotes.
"Cette série, à nos yeux, c’est donc surtout la démonstration que nous sommes vraiment bien implantés dans la société actuelle. À un point tel que nous devenons carrément le cadre d’une fiction. Et ça, c’est une excellente nouvelle !"
LE MASQUE DE ZORRO
SYNOPSIS
Après vingt ans de prison, Don Diego de La Vega, alias Zorro, qui a autrefois combattu avec succès l'oppression espagnole et qui est toujours poursuivi par la haine du gouverneur Rafael Montero, se cherche un successeur. Il rencontre alors un jeune brigand, Alejandro Murieta, qui a lui aussi quelques comptes a régler avec l'ancien gouverneur. Apres une formation complète, de La Vega remet a son élève le masque de Zorro, son épée et son fouet et l'envoie déjouer le sinistre complot de Montero visant a confisquer la Californie au Mexique.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/7CD4nkhZR_g
DÉTAILS
14 octobre 1998 en salle / 2h 16min / Aventure, Action, Romance
De Martin Campbell
Par John Eskow, Ted Elliot
Avec Anthony Hopkins, Antonio Banderas, Catherine Zeta-Jones
Titre original The Mask of Zorro
CRITIQUE
Le Masque de Zorro prend un tour « film d'action » très fortement prononcé (Martin Campbell est l'homme derrière GoldenEye et Casino Royale), que les morts y sont nombreuses, et que le ton général est loin d'être à la rigolade ou même simplement bon enfant, les défenseurs des droits de l'homme peuvent se tranquilliser : nous ne sommes pas encore dans Un justicier dans la ville et Charles Bronson n'a pas chipé son costume couleur corbeau à Don Diego de la Vega.
Dès lors, comment revitaliser le personnage ? La solution, c'est donc de nous échanger notre baril de vieux Zorro fatigué et essoré jusqu'à la dernière goutte contre deux barils de Zorro Nouvelle Formule. Un Zorro nouvelle génération donc, qui parvient à injecter une bonne dose de sang neuf dans ce mythe indéboulonnable du justicier au grand coeur, sans trahir la mémoire de ses glorieux aînés.
8 RUE DE L'HUMANITÉ
(la folie du confinement tournée en dérision sur Netflix)
SYNOPSIS
Les rues de Paris sont vides et silencieuses. Alors que certains ont préféré fuir la capitale, sept familles sont restées confinées dans un immeuble du 11ème au 8 rue de l’humanité avec entre autres ; une patronne de bistrot qui cherche le moyen de rester ouvert. Un scientifique ambitieux qui veut trouver le vaccin et ne plus jamais s’occuper d’analyses d’urines.
Un hypocondriaque en panique mais heureux d’avoir enfin raison, sa femme avocate qui se bat pour concilier vie professionnelle et vie de famille, un coach sportif en ligne qui grossit au fil des semaines, sa fiancée enceinte qui fait le buzz en devenant chanteuse anti Covid, un riche self-made-man désespéré de ne pas avoir le niveau scolaire de son fils de 8 ans… et deux enfants de 8 et 10 ans qui, grâce au confinement, vont tomber amoureux.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/0hF5HnVdIqI
DÉTAILS
20 octobre 2021 sur Netflix / 2h 05min / Comédie
De Dany Boon
Par Dany Boon, Laurence Arné
Avec Dany Boon, François Damiens, Laurence Arné
CRITIQUE
Il est entendu que le cinéma a pour objet de nous faire, avant tout, oublier, le temps d’un visionnage, que nous sommes voués à nous flétrir, mourir, pourrir, disparaître, avant d’être oubliés de notre descendance. On pouvait légitimement supposer que ce serait le cas de 8 Rue de l'Humanité, dernière comédie de Dany Boon, accueillie par la plateforme Netflix. Et pourtant, contre toute attente, le film nous permet d’y voir plus clair.
Nous découvrons Paris, nimbé dans une lumière hivernale, vidée de ses habitants, tandis que résonne dans nos oreilles la voix flûtée d’Emmanuel Macron. Notre président nous guide jusqu’à ce qui tiendra lieu de décor au film, une soi-disant cour intérieure au cœur de Paris, où vont se croiser les derniers habitants du secteur.
A la mise en scène, Dany Boon, dans un geste en forme d’allégorie du dénuement moral qui s’est abattu sur l'humanité durant la pandémie, nous confronte au néant. Voilà une oeuvre qui dresse le procès-verbal de notre corps social. L'objet que dépose devant nos yeux Dany Boon est dédié "à celles et ceux qui ont souffert".
LES BODIN'S EN THAILANDE
SYNOPSIS
Maria Bodin, vieille fermière roublarde et autoritaire de 87 ans, doit faire face à une nouvelle épreuve : son grand nigaud de fils, Christian 50 ans, a perdu le goût de la vie. Suivant l’avis du psychiatre, qui conseille le dépaysement, la mère Bodin se résigne donc à casser sa tirelire pour payer des vacances à son fils… en Thaïlande ! Quand la mère et le fils Bodin s’envolent, pour la première fois, à plus de dix mille kilomètres de leur terroir natal, le choc est énorme : hôtel club, touristes, plages de sable blanc et autres massages exotiques, ils n'ont clairement pas le mode d'emploi … pas simple de dépayser des paysans ! Les Bodin's s'embarquent alors dans un road-movie rocambolesque à travers tout le pays, avec pour seuls bagages leur audace, leur cœur et leur bon sens paysan.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/ExYHQvcKfNI
DÉTAILS
17 novembre 2021 en salle / 1h 38min / Aventure, Comédie
De Frédéric Forestier
Avec Vincent Dubois, Jean-Christian Fraiscinet, Bella Boonsang
CRITIQUE
Dans la lignée et la verve de leurs précédents spectacles sur scène, comme Mère et fils, Bienvenue à la capitale et Grandeur nature, et des deux films jusque-là tournés Mariage chez les Bodin’s et Amélie au pays des Bodin’s, les deux acteurs Vincent Dubois (c’est Maria) et Jean-Christian Fraiscinet (c’est Christian) ainsi que leur réalisateur Frédéric Forestier s’en sont donnés à cœur joie pour imaginer une intrigue mouvementée, toute en rebondissements, avec ce qu’il faut de cascades, de courses-poursuites en scooter dans Bangkok et la jungle, de double salto en jet ski, etc.
Pour nos deux héros pris dans un tourbillon de gags, il importe de délivrer la belle Malee, prisonnière de l’affreux Ping et de sa bande de malfrats armés jusqu’aux dents. Parvenant à leurs fins, ils seront adoptés par toute une communauté villageoise, en pleine campagne, aux mœurs aussi simples que celles des habitants de leur village natal de Pouziou-les-Trois-Galoches. Là où ils sont de retour dans la dernière séquence du film, ensemble dans une barque sur un étang, dans la brume du petit matin, à pêcher la carpe, ou plutôt à tenter de le faire.
Ce nigaud de Christian multiplie les gaffes et sa mère, toujours irascible, lui remonte les bretelles de plus belle. C’est bon signe : après cette escapade en Asie, ils ont retrouvé tout ce qui fait leur vie !
LE FABULEUX DESTIN
D'AMÉLIE POULAIN
(un film de Jean-Pierre Jeunet 2001)
SYNOPSIS
Amélie, une jeune serveuse dans un bar de Montmartre, passe son temps à observer les gens et à laisser son imagination divaguer. Elle s'est fixé un but : faire le bien de ceux qui l'entourent. Elle invente alors des stratagèmes pour intervenir incognito dans leur existence. Le chemin d'Amélie est jalonné de rencontres : Georgette, la buraliste hypocondriaque ; Lucien, le commis d'épicerie ; Madeleine Wallace, la concierge portée sur le porto et les chiens empaillés ; Raymond Dufayel, son voisin.
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/RMbFcxbLMrY
DÉTAILS
Long-métrage
Genre(s) : Fiction
Langue de tournage : Français
Origines : France, Allemagne
EOF : Oui
Nationalité : Majoritaire français (France, Allemagne)
Année de production : 2000
Sortie en France : 25/04/2001
Durée : 2 h
Etat d'avancement : Sorti
Numéro de visa : 98.481
Visa délivré le : 23/05/2001
Agrément : Oui
Formats de production : 35 mm
Type de couleur(s) : Couleur
Cadre : 1.66
Format son : Dolby SRD
CRITIQUE
Difficile aujourd’hui d’écrire sur Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) sans devoir recontextualiser le film et évoquer les accueils critiques divers qu’il a reçus ainsi que l’une ou l’autre polémique qu’il a suscitée. Ce n’est pas vraiment le propos ni l’intérêt du présent texte, donc nous ne nous y attarderons pas.
Cependant, un simple regard rétrospectif sur quelques-unes des critiques de l'époque (pour la plupart élogieuses, il faut bien le dire) permet de se rendre compte que la grande majorité de ces critiques — et c’est également vrai pour les spectateurs, nombreux, qui se sont rendus en salles et ont participé à un bouche-à-oreille extrêmement positif — considérait le film comme « optimiste », « utopique », « joyeux », « charmant », ou encore bien d’autres qualificatifs issus du champ lexical du bonheur.
En gros, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain a été très largement perçu comme un « feel good movie ». Encore récemment, dans l’une des capsules publicitaires de Cinévox — visant à faire la promotion du cinéma belge —, à la question « dans quel film aimeriez-vous vivre ? », le réalisateur flamand Adil El Arbi répond Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain parce que, selon ses dires, « ça a l’air super, ce monde-là ».
À la vision du film aujourd’hui, et en essayant de s’extraire de tout a priori que ce soit — il faut tout de même rappeler ici qu’il se traîne grâce à un critique « engagé » des Inrocks une réputation de « film lepéniste » —, il apparaît comme une évidence que, s’il ne mérite certainement pas cette aura de soupçon qui règne autour de lui dans toute une frange de la cinéphilie, son autorité de « feel good movie », de film qui fait du bien, est tout aussi largement usurpée...
...Plus qu’un auteur qui livre sa vision du monde — laquelle pourrait dès lors être contestée par le champ de la critique, comme elle l’a donc été à la sortie du film —, Jeunet est plutôt un artisan minutieux pour lequel chaque détail compte, doublé d’un maniaque du rangement pour lequel chaque chose a sa place indiscutable.
Le cas psychologique du patient Jeunet s’ajoute donc à son propre cabinet. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’un cabinet, qu’il soit de curiosités ou de médecine, dans lequel les personnages sont autant de « freaks », ou de « cas ». L’impression que laisse la fin du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain s’apparente d’ailleurs quelque peu au « twist » final du Cabinet du Dr. Caligari (Robert Wiene, 1920), lorsque le spectateur s’aperçoit que tous les personnages principaux se trouvent dans un asile et sont les patients du docteur.
Ici, le spectateur peut se rendre compte de cela par lui-même, et ainsi faire de cette constatation son propre twist final. Le film et son Paris recréé de toutes pièces par Jean-Pierre Jeunet ne forment au fond qu’un gigantesque asile de fous dans lequel déambulent des malades de toutes sortes, des cas types et répertoriés comme tels.
Difficile après cette prise de conscience d’encore considérer Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain comme un « feel good movie » ou comme un film « léger », puisqu’il s’agit en réalité et contre toute attente d’un portrait de groupe de névrosés en tous genres, prisonniers d’un monde factice qui les enferme dans des cases.
LES ENFANTS DU MARAIS
(Un film frais qui fait du bien !)
SYNOPSIS
"On est des gagne-misère, mais on n'est pas des peigne-culs", telle est la philosophie de Garris, homme simple, généreux et quelque peu poête qui vit au bord d'un étang avec son ami Riton, qui élève trois enfants turbulents issus de son second mariage. Riton, de temps en temps, noie son chagrin dans le vin rouge pour tenter d'oublier sa première femme et grand amour. Autour d'eux il y a également Amédée, un rêveur passionné de lecture, Pépé, un ancien du marais devenu riche et Tane, le conducteur du petit train local. Un jour, Garris rencontre une jeune femme, Marie...
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/JCevDbOYyT4
DÉTAILS
Bande-annonce Les enfants du marais
3 mars 1999 en salle / 1h 55min / Comédie dramatique
De Jean Becker
Par Sébastien Japrisot, Georges Montforez
Avec Jacques Villeret, Jacques Gamblin, André Dussollier
CRITIQUE
A l’orée des années 2000 en France, loin des peurs millénaristes, de Titanic et des fins du Monde, une gourmandise de film nostalgique est sortie d’un marais en bottes après sa partie de pêche à la grenouille. Les enfants du marais, c’est une déclaration d’amour à la nature par le cinéma, dans laquelle on rêve de s’ennuyer encore un peu, du sépia plein les yeux.
Jean Becker est né en 1933 et n’a pas seulement connu les marais dans les livres d’école. Pour cette génération marquée par la guerre, l’exode est un rapport au rural profondément fusionnel. Aucune autre génération du 20e siècle n’a ainsi vécu ce rapport et cet échange avec une nature nourricière comme celle des enfants des années 30 et 40, perdant les villes pour gagner les champs. Ces enfants ont grandi en redécouvrant les topinambours, les légumes oubliés, palliant les repas plus riches, reprenant à leur compte les activités campagnardes déjà en voie d’être marginalisées avant le choc de la Seconde Guerre mondiale : la chasse, la pêche, avant le grand exode rural des années 50.
La nature magnifiée est ici mentale, proche cousine de celle qu’on découvre en quittant nos villes aujourd’hui, heureuse de tendre la main aux contes de ces petits et grands enfants qu’on sera tous ravis d’inviter lors de nos futures promenades. Le récit est une mémoire, qu’on dessine au cinéma plus qu’ailleurs. C’est somme toute naturel.
HAUTE COUTURE
(Une fable moderne, tendre et impertinente)
SYNOPSIS
Première d’atelier au sein de la Maison Dior, Esther participe à sa dernière collection de Haute Couture avant de prendre sa retraite. Un jour, elle se fait voler son sac dans le métro par Jade, 20 ans. Mais celle-ci, prise de remords, décide de lui restituer son bien. Séduite malgré elle par l’audace de la jeune fille et convaincue qu’elle a un don, Esther lui offre la chance d’intégrer les ateliers de la Maison Dior comme apprentie. L’occasion de transmettre à Jade un métier exercé depuis toujours pour la beauté du geste...
BANDE ANNONCE
https://youtu.be/u0MnOtYdkpg
DÉTAILS
10 novembre 2021 en salle / 1h 41min / Comédie dramatique
De Sylvie Ohayon
Par Sylvie Ohayon, Sylvie Ohayon
Avec Nathalie Baye, Lyna Khoudri, Pascale Arbillot
CRITIQUE
Dans ce film non dénué d’humour, la cheffe d’atelier d’une maison de haute couture
en ouvre les portes à une jeune fille qui flirte avec la délinquance.
Lorsqu’un métier a tout d’une passion, la retraite peut avoir des airs de fin du monde. Proche du grand vide que représente la fin d’activité, Esther, première d’un atelier de couture chez Dior, a tout sacrifié pour réaliser les créations des stylistes de la maison, ne rechignant ni devant les journées à rallonge ni face aux week-ends de travail.
Quand, plus par superstition que par remords, Jade lui rapporte le sac qu’elle lui a volé à la tire dans le métro, Esther lui montre l’atelier avant de lui proposer, contre toute attente, un stage. Désœuvrée, la jeune femme entre par curiosité dans ce monde de petites mains et de luxe, à mille lieues de son quotidien désespérant en Seine-Saint-Denis, où elle s’occupe de sa mère dépressive et zone avec Souad, sa meilleure amie.
Le cinéma met souvent en scène ces duos que tout oppose mais qui vont s’enrichir mutuellement. Haute Couture apporte sa contribution avec des personnages forts et une peinture séduisante de l’univers des couturières, qui œuvrent dans cet artisanat très haut de gamme, leur hiérarchie stricte et leur amour du travail irréprochable sur des étoffes exceptionnelles. Nathalie Baye campe avec Esther une femme qui révèle peu à peu ses failles sous sa force, et sa douceur sous une certaine raideur. Dans le rôle de la rugueuse Jade, attentive à ne pas se laisser attendrir, Lyna Khoudri étincelle comme dans chacun de ses films (Papicha de Mounia Meddour, Qu’un sang impur… d’Abdel Raouf Dafri, The French Dispatch de Wes Anderson, etc.)
Autour d’elles, Pascale Arbillot et Clotilde Courau, Soumaye Bocoum et Romain Brau composent des seconds rôles attachants, tous servis par des dialogues enlevés qui ajoutent une jolie impertinence à cette tendre fable moderne. Si la mise en scène oppose la quiétude et la lumière douce des ateliers à l’agitation de la ville, elle sait montrer aussi bien la beauté sophistiquée des robes de la Maison Dior et des gestes des couturières que celle, évidemment toute différente, de la cité où vit Jade avec ses solidarités et sa vie qui pétille à chaque étage.
APOCALYPSE NOW
DÉTAILS
26 septembre 1979 en salle / 3h 02min / Guerre, Drame
Date de reprise 21 août 2019
De Francis Ford Coppola
Par Francis Ford Coppola, John Milius
Avec Martin Sheen, Frederic Forrest, Robert Duvall
Titre original Apocalypse Now
CRITIQUE
L'action du film se situe en 1969, après l'offensive du Têt de janvier 1968, c'est-à-dire à un moment où les Etats-Unis ne sont plus sûrs de pouvoir remporter militairement cette guerre, à un moment où l'Amérique commence à douter, où l'armée est ravagée par la drogue et des trafics en tout genre.
Le film, inspiré du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, 1898, est tourné au lendemain de la guerre du Vietnam, en 1975-1976, peu de temps avant l'arrivée de Jimmy Carter à la Maison Blanche, moment où l'Amérique remet en cause et critique son engagement passé en Asie du Sud-Est, qui s'est soldé par un échec.
C'est l'un des premiers films abordant directement la guerre du Vietnam. Or, cette guerre marque une véritable rupture dans les rapports entre Hollywood et l'Etat américain. En effet, jusqu'alors, le cinéma avait toujours soutenu l'engagement militaire du pays, n'hésitant pas à produire des films de propagande pendant les deux guerres mondiales (Casablanca, M. Curtiz, 1942 ou Le port de l'angoisse, H. Hawks, 1944) pour soutenir la politique du gouvernement. Avec le Vietnam, tout change. Certes, il faut attendre la fin du conflit pour voir des films traiter du conflit (Voyage au bout de l'enfer, M Cimino, 1978) et en faire une critique. Pourtant, on peut déjà apercevoir dès les années 1960 des films qui condamnent l'intervention américaine au Vietnam. Robert Altman, par exemple, avec M.A.S.H. en 1969, nous livre davantage une critique du conflit vietnamien que de la guerre de Corée.
Apocalypse Now rentre donc dans cette lignée de films très critiques sur l'engagement américain. La guerre est vue du côté américain, et la critique n'en est que plus forte. Coppola ne réalise pas un film de guerre, mais plutôt un film sur la guerre. Le parcours du capitaine Wilard sur un fleuve hostile qui le mène au colonel Kurtz ressemble à un voyage intérieur, une introspection (la voix off de Wilard est récurrente tout au long du film) et, dans le même temps, Coppola nous emmène dans un voyage vers la folie et l'horreur de la guerre que semble incarner le colonel Kurtz. Le réalisateur du Parrain nous montre aussi une certaine réalité du conflit et nous livre ses interrogations, partagées par nombre de ces concitoyens à l'époque.
Une armée gangrénée par la drogue et les trafics
L'armée américaine est gangrenée par la drogue, à l'image de Lance Johnson, un des membres de l'équipage de Willard, et surfer professionnel. Elle est aussi le lieu de trafics en tout genre, comme le montre la séquence à la base de ravitaillement : trafics de motos, d'alcool, de drogue qui sont plus importants pour le sergent que le service normal. L'armée en tout cas ferme les yeux sur cela.