MADAME BOVARY
(film visible sur Netflix)
SYNOPSIS
Emma, fille de paysan, épouse un officier de santé. Idéaliste et romanesque, elle perd rapidement ses illusions de bonheur face à la grossiereté des petits bourgeois normands. Elle devient la maîtresse d'un gentilhomme du voisinage qui l'abandonne, puis d'un clerc de notaire.
DÉTAILS
3 avril 1991 / 2h 20min / Drame
De Claude Chabrol
Avec Isabelle Huppert, Jean-François Balmer, Christophe Malavoy
https://youtu.be/6Obj8rCj2T0
IDÉE DE LECTURE
Madame Bovary de Gustave Flaubert
C'est l'histoire d'une femme mal mariée, de son médiocre époux, de ses amants égoïstes et vains, de ses rêves, de ses chimères, de sa mort. C'est l'histoire d'une province étroite, dévote et bourgeoise.
C'est, aussi, l'histoire du roman français. Rien, dans ce tableau, n'avait de quoi choquer la société du Second Empire. Mais, inexorable comme une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie, le livre s'était donné une arme redoutable : le style. Pour ce vrai crime, Flaubert se retrouva en correctionnel.
Aucun roman n'est innocent : celui-là moins qu'un autre. Lire Madame Bovary, au XXIe siècle, c'est affronter le scandale que représente une œuvre aussi sincère qu'impérieuse. Dans chacune de ses phrases, Flaubert a versé une dose de cet arsenic dont Emma Bovary s'empoisonne : c'est un livre offensif, corrosif, dont l'ironie outrage toutes nos valeurs, et la littérature même, qui ne s'en est jamais vraiment remise.
CRITIQUES DU FILM
Il est un point sur lequel ce film est une réussite : il prouve avec éclat la phénoménale puissance littéraire de l’œuvre de Flaubert, absolument intransposable à l’écran, pour peu qu’on décide de s’en tenir paresseusement à la seule trame narrative de son roman.
Chabrol, étonnamment frileux dans cette adaptation, semble pétrifié par son sujet. On pourrait à la rigueur lui excuser les coupes franches, mais déconcertantes, dans le récit, qui expédient des éléments pourtant essentiels, à commencer par l’éducation d’Emma et son bovarysme, justement. Le film n’en fait pas moins 2h15, durant lesquelles l’intérêt semble avant tout de montrer qu’on a mis les moyens dans la reconstitution historique : façades, rues, calèches, costumes, tout cela sent bon le film français à gros budget, pour un rendement proche des téléfilms de France 3. Mention spéciale au thème musical, particulièrement insupportable.
On peut néanmoins saluer la prestation des comédiens ; Balmer, en crétin attachant, est tout à fait convaincant, et la capacité d’Isabelle Huppert à varier le ton et changer de visage au gré des circonstances est un des beaux aspects, spécifiquement pictural, du film.
Flaubert a écrit « un livre sur rien, dont la puissance tiendrait dans la force de son style » : chez Chabrol, il ne subsiste que la première partie de ce programme, alignement fade de chapitres dont la saveur initiale se perd sous les affres de la sage et scolaire application.
C’est là que ce film désole : qu’on puisse imaginer le nombre de spectateurs passés à côté du chef d’œuvre romanesque en s’étant contenté de cet ersatz insipide.
VOUS AVEZ BON GOÛT !
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